Le Bangladesh, un pays de 180 millions d’habitants, trois fois plus peuplé que la France, sur le quart de sa superficie.

BangladeshUn pays où vit une minorité de la population très riche, souvent plus riche que dans nos pays du Nord, au milieu d’une majorité de population très pauvre. C’est l’un de pays les plus pauvres du monde, on y côtoie les pauvres parmi les plus pauvres.

Le Bangladesh, un pays où sévissent les conditions climatiques les plus dures: moussons, inondations, cyclones, tremblements de terre..

J’ai rencontré des gens qui avaient dû, suite à ces conditions, redémarrer une nouvelle vie pour la 17ème fois, depuis ces cinq dernières années. Chaque fois, ils ont tout perdu et, chaque fois, ils ont dû tout reconstruire, parce qu’au Bangladesh, les inondations, les cyclone ne sévissent pas une fois par an, ils reviennent deux, trois fois dans la saison…ils détruisent tout.


A cela s’ajoute un terrible problème de santé publique : 90% de l’eau est contaminée par de l’arsenic et tue à petit feu cette population. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la population du Bangladesh subit “la plus importante contamination de masse de l’histoire”. Une mort sur cinq est due à l’arsenic.

Malgré ce contraste, entre la misère et la richesse, la fatalité climatique, les saisons d’une chaleur humide et accablante suivi de déluge sans précédents, d’un pays traversé par 32 fleuves indomptables au moment des moussons, j’ai rencontré une population riche de compassion et d’espérance. Malgré ces drames, ces blessures qui laissent toute une vie des cicatrices indélébiles, c’est dans ce pays de contrastes que l’on trouve chaque fois une solution, un modèle, un engagement, un nouveau départ… que l’on garde ce sourire qui enrichit celui qui le reçoit, sans appauvrir celui qui le donne. Comme le disait B.Spinoza, les plus intimes et les plus belles unions résultent des contrastes les plus forts.

C’est ce pays qui, écartelé par son propre destin, a accepté d’accueillir plus de 1 millions de réfugiés Rohingyas sur ses terres, quelle leçon !!!

Le plus pauvre parmi les pauvres tends la main et accueille le plus désespéré des réfugiés, avec la solidarité de tous ceux qui s’y impliquent, c’est magique..

Quelle leçon pour chacun de nous qui vivons dans nos vies bien établies et qui nous plaignons, dans un affolement effarouché de devoir accueillir quelques centaines de réfugiés.

Je voudrais dire merci à ce jeune pays, indépendant depuis 1971, qui n’a pas choisi sa situation mais qui en l’acceptant, gère aussi celle des autres.

J’ai rencontré dans ce petit pays qui représente 0,03 % de la population mondiale, l’ONG la plus grande du monde, devant Médecins sans Frontières : BRAC, avec qui nous avons la chance de collaborer ; une organisation mondialement connue : GRAMEEN, dont son président, prix Nobel de la Paix (2006): Muhammad Yunus, parcourt le monde pour en éradiquer la pauvreté, ainsi qu’une organisation humanitaire qui m’a accueilli, Friendship, reconnue pour son action en faveur des plus défavorisés et des Rohingyas et dirigée par une amie Runa Khan. Cette femme, issue d’une riche famille du pays, a un jour décidé de tourner la page de son confort établi pour s’occuper des plus pauvres.

Ces gens oeuvrent pour les plus défavorisés de leur pays, mais à travers leurs actions pour les plus défavorisés du monde, car ce qu’ils font ils le font pour tous ceux qui en ont le plus besoin, où qu’ils soient.

J’ai passé des moments passionnants de discussion avec Muhammad Yunus, qui s’engage dans la prochaine organisation des Jeux Olympiques en France pour réfléchir comment impliquer les plus défavorisés dans la gestion de ces Jeux. Comment faire profiter de ce moment de gloire les plus déshérités de ce pays, comment ne pas laisser à l’abandon tous ces projets et investissements qui une fois passé la fête du moment, tombe dans l’oubli et le désintérêt de tous.

J’ai vécu loin de tout confort, au milieu des rivières, près d’un bateau hôpital, idée géniale lancée par Runa, pour venir à la rencontre des plus démunis, car pour ces populations, si le soin ne va pas à la rencontre des plus vulnérables, ceux qui n’ont pas accès aux hôpitaux, aux dispensaires, ne seront jamais soignés. Je ne peux m’empêcher de faire un amical clin d’oeil à cette équipe médicale française venue opérer sur le bateau et donner, comme ils l’ont si bien dit, de leur temps et de leur compassion, pour venir s’occuper de ceux qui sont dans le besoin. Merci à tous ces ambassadeurs de la solidarité, pour leur démarche d’amour…

“ ll ne s’agit pas uniquement de donner de quoi vivre, mais de rendre aux malheureux des raisons de vivre.” Abbé Pierre

Il y a de très belles choses sur le terrain, il faut venir les voir car on n’en parle pas suffisamment. La pauvreté humaine amène souvent la richesse du coeur et de l’esprit, je l’ai vu une nouvelle fois, au Bangladesh.

Merci à vous tous, amis du Bangladesh, pour cette nouvelle leçon de vie…