« Ahimsa » est un nom qui a inspiré Jean-François de Lavison, fondateur d’Ahimsa Fund, et qui est à la base de son projet voué à favoriser l’accès à la santé aux plus démunis. Des racines hindoues jusqu’à la définition de ses moyens d’actions, nous revenons ici sur les principes fondateurs d’Ahimsa Fund.

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Ces mots de Gandhi sont au cœur de la philosophie d’Ahimsa Fund, dont les projet innovants visent à développer l’accès à la santé et la réduction des inégalités dans les régions du monde qui en ont le plus besoin.

La genèse d’Ahimsa Fund : quand la sagesse hindoue inspire l'entrepreneuriat social

Jean-François de Lavison a été marqué par ses nombreux séjours en Inde – il y a implanté une filiale de BioMérieux. Son esprit s’est donc tout naturellement tourné vers ce pays au moment de baptiser le grand projet qui lui tenait à cœur. Ce nom, « Ahimsa », est un mot sanskrit qui porte en lui les valeurs de bienveillance, de non-violence et de respect de la vie. Bien plus qu’un mot, l’ahimsa est un concept dont s’inspirèrent Gandhi pour qui « la pauvreté [était] la pire forme de violence » et Nehru pour nourrir une philosophie dont se revendique volontiers J.-F. de Lavison.

Souvent représenté par une vache et une lionne se désaltérant côte à côte, accompagnés de veaux s’abreuvant aux mamelles de la lionne et de lionceaux se nourrissant au pis de la vache, l’ahimsa incarne la volonté de rassembler les cultures malgré les oppositions apparentes et d’ériger la vie comme dénominateur commun. 

Œuvrer pour la santé mondiale au-delà des clivages Nord / Sud

Le marché mondial de la santé est réparti à 70 % dans les « pays riches » et 30 % dans les « pays pauvres », quand ces derniers représentent pourtant 80 % de la population mondiale !

Cependant, la mondialisation a accru les inégalités dans le monde entier, y compris dans les pays considérés comme les plus développés. La dichotomie pays riches / pays pauvres d’hier a beaucoup moins de sens aujourd’hui : on trouve aussi facilement des très riches dans les pays pauvres que des très pauvres dans les pays riches.  

Puisque la pauvreté n’est pas réservée aux pays sous-développés, Ahimsa Fund développe des actions pour la combattre partout où elle se trouve.

[su_box title=”Communauté contre isolement, le clivage Nord / Sud face à la pauvreté” box_color=”#4F85C0″]La pauvreté n’est pas vécue partout de la même façon. Dans les pays en voie de développement, les plus démunis tendent à se regrouper en communautés afin de puiser leurs forces dans la solidarité. Dans les pays développés, où c’est bien souvent la société elle-même qui provoque les situations d’extrême précarité (perte d’emploi, etc.), les plus démunis sont esseulés. Mis au ban de la société, les plus défavorisés accentuent eux-mêmes leur exclusion en la rejetant à leur tour.

Un constat que résume ainsi le fondateur d’Ahimsa Fund :

« Dans les pays défavorisés, les gens naissent pauvres, vivent pauvres et meurent pauvres mais dans les pays riches ils ne naissent pas pauvres, deviennent pauvres et meurent pauvres. »[/su_box]

 

Le soignant se déplace : quand l’accès aux soins passe par l’innovation sociale

Tout projet d’offre de soins aux plus défavorisés est rapidement confronté à la question suivante : comment acheminer les soins jusqu’à ceux qui en ont besoin ?

Il est souvent impossible de faire venir les populations isolées jusqu’au lieu de dispense de soins : le coût des transports est généralement inaccessible aux personnes concernées au vu des grands espaces ruraux à traverser, les populations locales peuvent se montrer méfiantes à l’égard de la médecine moderne, sans compter sur le fait que dans le plupart des cas, la santé n’est tout simplement pas une priorité pour ces populations. En outre, pour des raisons liées à des problématiques de santé publique, il est souvent recommandé de déplacer les soignants plutôt que les populations à soigner, afin d’éviter d’éventuelles contaminations.

C’est ce que font, par exemple, le SAMU Social et la Croix-Rouge : pour eux, il ne faut pas demander aux patients de se rendre chez le soignant, mais plutôt demander au soignant (qui est plus souvent une infirmière qu’un médecin) de se rendre chez les patients !

 

4 projets de santé publique innovants

Lifeline Express : le miracle se déplace sur rails aux quatre coins de l’Inde

Depuis 1991, le Lifeline Express sillonne l’Inde pour dispenser des soins aux populations les plus reculées. Ses cinq wagons bleus recouverts de nuages et d’arcs-en-ciel s’arrêtent à chaque fois plusieurs jours voire plusieurs semaines pour réaliser à la chaîne des interventions chirurgicales de base : cataracte, difformités liées à la polio, pied-bots…

Phelophepa : le « train de l’espoir » au secours de millions de Sud-Africains

En Afrique du Sud, le train Phelophepa, « le train de l’espoir », fait office de plus grande clinique mobile au monde avec près de 24 millions de patients traités dans les campagnes sud-africaines depuis sa mise en route en 1994 ! Avec les années, les organisations solidaires se perfectionnent dans les villages : certains habitants amènent les plus faibles en priorité jusqu’au train, quand d’autres s’arrangent pour loger et nourrir le personnel médical.

Friendship : des bateaux-hôpitaux luttant contre la maladie au Bangladesh

Au Bangladesh, l’ONG Friendship a choisi le bateau (ship !) pour aller apporter des soins aux habitants les plus démunis et marginalisés des zones fluviales du pays. Ce sont de véritables hôpitaux flottants : on y retrouve des services de gynécologie, d’ophtalmologie et de pédiatrie, deux salles d’opération, une de stérilisation et une autre de radiologie !

LaboMobil : le laboratoire sur roue qui s’en prend aux épidémies en Guinée

Après le train et le bateau, voici la voiture-hôpital parcourant les zones isolées – notamment côtières – de Guinée afin d’apporter des soins aux populations les plus délaissées. Le Labomobil est un véhicule tout-terrain disposant d’un matériel de laboratoire de pointe (hotte à flux laminaire, centrifugeuse, réfrigérateur, microscope à fluorescence) destiné à détecter et, le cas échéant, à endiguer les débuts d’épidémie comme le choléra et les méningites aiguës d'origine bactérienne.

« Nous vivons au milieu d’une mer de pauvreté. Néanmoins on peut réduire cette mer.
Notre travail n’est qu’une goutte dans un seau, mais cette goutte est nécessaire. »

Mère Teresa

L’avenir de l’aide à la santé mondiale consiste à profiter de la mondialisation pour mettre en place des projets collaboratifs qui s’attaquent à la pauvreté directement à la source. C’est vrai pour les projets d'entrepreneuriat social, intimement liés au développement de la santé, mais aussi pour l’apport de soins en tant que tel. De nombreux projets le montrent déjà : pour améliorer la santé dans les zones les plus délaissées, il faut aller directement à la rencontre des populations !

Ahimsa Fund porte fièrement son nom et s’évertue à encourager ce type d’initiatives afin d’honorer les valeurs de l’ahimsa pour que, partout, des projets innovants contribuent à améliorer les conditions de vie et de santé des plus démunis.