Marguerite « Maggy » Barankitse était en visite à Lyon le mois dernier. Deux rencontres exceptionnelles se sont déroulées le mardi 3 octobre : la première à l’Institut Bioforce Développement à Vénissieux, la seconde à l’Institut Made In. La collaboration entre Ahimsa Fund et Maggy Barankitse ne date pas d’hier (leur première rencontre date de 2007). C’est dans le cadre de ce partenariat que Maggy a rendu visite aux 10 jeunes étudiants burundais accueillis par l’Institut Made In depuis le début l’année dernière. Retour sur une soirée chargée en émotion…

« Ce sont les enfants qui m’ont appris à pardonner »
Marguerite Barankitse

Une femme d’exception au Théâtre des Carmes

Marguerite Barankitse est née à Ruyigi au Burundi à la fin des années 1950 et chacun peut constater que son énergie et sa volonté de fer ne se sont pas émoussées au fil des années. Celle qu’on surnomme la maman aux 20 000 enfants (elle en a sauvé plus de 20 000 en réalité et Maison Shalom en a assisté plus de 47 000) a commencé à recueillir des orphelins dès 1972. Maggy Barankitse fait partie des grands témoins contemporains, à l’instar de Sœur Emmanuelle, de Rosa Parks ou de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, qu’elle a par ailleurs côtoyées. Ces témoins de la paix contribuent à porter une voix à la fois politique et humaine au service du vivre ensemble.

[su_box title=”Portrait de Marguerite Barankitse, lauréate du Prix 2011 de la fondation Chirac” box_color=”#4F85C0″][su_youtube url=”https://www.youtube.com/watch?v=AjqWgGnMEpQ”][/su_box]

Maggy Barankitse et Maison Shalom

Malgré les actes de barbarie dont elle a été témoin, elle a, envers et contre tout, recueilli des orphelins de toutes origines, et n’est pas prête de cesser son combat. Parmi ces atrocités, celles du 24 octobre 1993 ont plus particulièrement décidé de sa vocation : elle assiste au massacre de 72 personnes. Certains assassins sont des membres de sa propre famille. Elle recueille ce jour-là 32 enfants, miraculeusement épargnés, dont Lydia et Lysette, les enfants d’une amie assassinée, qui deviendront ses premières filles adoptives.

À la suite de ces massacres, elle décide de créer l’ONG Maison Shalom en mai 1994 : un foyer et une « pépinière d’espoir » pour tous les orphelins que laissent sur leur chemin les massacres et les guerres fratricides du Burundi et du Rwanda.

Maggy Barankitse

Être une petite lumière

Lorsqu’on lui demande d’où vient la force dont elle fait preuve, Maggy Barankitse dit simplement qu’elle a eu la chance d’avoir une maman extraordinaire, qui lui a appris à « rayonner comme une petite lumière ». Tous les enfants recueillis par Maison Shalom peuvent sans aucun doute dire aussi qu’ils ont trouvé en Maggy une « maman extraordinaire ». Le magazine Géo, pour qui elle est « une sainte en enfer », lui consacrait d’ailleurs un portrait en 2009 en affirmant qu’elle méritait le prix Nobel de la paix.

« J’ai eu la chance d’avoir une maman extraordinaire. »
Maggy Barankitse

[su_box title=”Le colloboï” box_color=”#4F85C0″]Il existe une petite bougie au Burundi appelée un « colloboï » : sa mère disait à Maggy « Décide d’être cette petite colloboï, dans l’obscurité, elle éclairera toujours. », et c’est le conseil que Maggy Barankitse donne à tous les jeunes qui croisent sa route. Elle nous exhorte à briller, car ses enfants sont « des princes et des princesses qui doivent rayonner. »[/su_box]

L’accueil d’étudiants burundais à l’Institut Made In

Cette rencontre avait pour but de mettre l’accent sur le projet conjoint d’Ahimsa Fund, de Maison Shalom et de l’Institut Made In de faire accueillir de jeunes réfugiés Burundais dans des familles et de leur permettre d’étudier en France dans cet institut. Ahimsa Fund, qui contribue à la coordination de ces actions, accompagne Maison Shalom sur ce projet et lui fait bénéficier de ses soutiens. L’Institut Made In n’est pas en reste car il prend à sa charge l’intégralité de la scolarité des étudiants.

L’accueil des 10 étudiants burundais

Un des temps forts de la soirée a été le moment où les dix jeunes étudiants burundais sont montés sur la scène du Théâtre des Carmes aux côtés de Maggy (découvrez l’article consacré à cette soirée sur le site de l’Institut Made In). L’audience, composée entre autres de l’ensemble des étudiants de Made In ne s’y est pas trompée et l’ovation et les applaudissements n’étaient pas feints. Parmi ces jeunes étudiants, on reconnaît Merveille, une jeune fille qui avait pris la parole au dernier Forum Ahimsa en juin à Annecy pour partager son expérience et sa vision du monde.

Les jeunes étudiants, arrivés en septembre, vont suivre un cursus de 3 ans, à la fin duquel ils pourront soit retourner dans leur pays pour aider à sa reconstruction soit se destiner à des carrières en France ou à l’étranger.

« J’essaye d’être à l’écoute du regard de chaque enfant. »
Maggy Barankitse

Vers une réplique du projet ?

Ce projet d’accueil fait partie d’une volonté commune de Made In et d’Ahimsa Fund d’accueillir des réfugiés. À l’instar de tous les projets soutenus par Ahimsa Fund, le but à terme est de le répliquer ailleurs afin d’accueillir des réfugiés d’autres pays, par d’autres universités. Ahimsa Fund veut utiliser ce projet comme un laboratoire-test grandeur nature qui servira, dans un futur proche, de modèle à d’autres démarches similaires.

Nous souhaitons souligner la beauté de l’accueil et de l’investissement des familles qui offrent un foyer aux dix jeunes étudiants burundais de l’Institut Made In. Ahimsa Fund compte bien entendu continuer à accompagner chacun d’eux afin de faire en sorte que cette démarche soit un véritable succès. Maggy Barankitse continue de collaborer avec Ahimsa Fund depuis le Rwanda, où elle a fondé Oasis for Peace, une école gratuite vouée à l’accueil de « toutes les personnes de bonne volonté ».

Et Maison Shalom sera bien entendu présent, par l’intermédiaire de Maggy Barankitse ou de Richard Nijimbere, au prochain Forum Ahimsa en 2019 dans la Ferme enchantée de Tony Meloto aux Philippines !